Geert Goiris, entre Authentique et Fiction : les Clés d'une autre réalité.
À voir les recherches qu'entreprend Geert Goiris, il apparaît que l'appareil photographique peut être cataloguer partiellement dans la catégorie des psychotropes.
En aucun cas dans un délire pseudo hippie de communion humaine, mais plutôt dans une optique qui viserait à révéler la beauté des choses, notamment par l'un de leurs aspects fondamentaux qui jouerait sur une nature entre réel et fiction.
Un questionnement de l'irréel dans le réel ? Possible.
Blast #3, 2001
Geert Goiris est Belge.
Cela n'aurait pu être qu'une simple anecdote si nous ne regardions pas de plus près l'art belge de ces vingt dernières années. Francis Alÿs, Wim Delvoye ou encore le magnifique Éric Duyckaerts ne représentent qu'une infime partie des plus grands protagonistes de l'art qui naquirent en cette terre sacrée.
C'est par leur originalité et leurs prises de recul vis à vis du marché de l'art actuel qu'ils ont pu y apporté un souffle nouveau.
Geert Goiris fait partie de la bande.
Wave land, 2002
Ses photographies jouent sur ce que lui même appelle une réalité traumatique, ce que l'on peut définir par des évenements se situant dans notre réalité mais y figurant en tant qu'issues et nous amenant vers une autre dimension.
Il les décrit comme des "coup d'œil furtif et transitoire sur une autre réalité".
Son travail n'assume donc pas le terme de fiction pour la simple et unique raison que tout ce que photographie Geert Goiris est réel, plus précisement naturel.
Il joue ainsi sur la notion de "paysage sublime" dans Wave Land en dévoilant au spectateur un archetype du paysage parfait, typé fond d'écran windows. Bien que tout à fait réalisable, l'anomalie de l'image tient au fait de sa sur-représentation et son caractère idylique subliminal, forgé par son aspect trés empreint au monde de la communication.
La tension se crée donc dans le trouble de la confrontation.
D'un coté rien ne nous interdit de penser l'authenticité de la mise en scène, mais de l'autre, une pesante fiction familière fait son apparition pour ramener le sujet photographié, et l'impression du spectateur vers une balance entre le vrai et le survrai.
Albino, 2003
Rhino in fog, 2003
C'est grâce aux voyages qu'entreprend régulièrement le photographe que nous pouvons assister à de telles histoires. Le rhinocéros dans la brume ou le kangourou albinos ne sont que des exemples qui emplifient ce coté trés évenementiel dans le travail de Geert Goiris.
Le voyage s'impose alors à l'oeil du photographe qui se doit, à son tour, de capturer ces moments magiques, de saisir ces perles rares afin de nous les faire partager.
Ainsi on peut clairement distinguer, bien au delà d'une certaine ambiance "photos de voyages", une diversité impressionnantes des éléments narratifs composants ses péripéties optiques.
Il ne tient qu'à vous de penser la géographie d'un monde resté plat dont les photographies de Goiris montrent les extrémités.
Futuro, 2002
Photographie issue de la série Whiteout
Crater, 2004
Liepaja, 2004
Rock, 2000
Un voyage optico-irréaliste, timbré d'une voix discrète et faussement paranormale, le travail de Geert Goiris pourra vous émouvoir et vous transporter dans le hors champ de votre perception.
Dans la solitude ou l'absence d'élements figuratifs suffisants pour la création d'un récit, c'est votre regard qui va alors s'immiscer en prenant part au dialogue auquel les photographies invitent.
Les lieux étant avant tout des histoires qui ne demandent qu'à votre interprétation mentale de s'y introduire pour y dénicher les clés d'une autre réalité.
Air raid, 2009
Première Photographie de l'article : Abyss, 2000